Comprendre et déconstruire les représentations de moi et du monde sur internet
***
Récapitulatif de la formation
pour les participants

Brève introduction sur l'éducation aux médias, son intérêt et sa nécessité de façon générale et pour comprendre et déconstruire le fonctionnement des représentations véhiculées à travers Internet, en particulier. Présentation des ressources disponibles en FWB concernant l'EAM. Présentation des référentiels "Les compétences en Éducation aux médias. Un enjeu éducatif majeur. Cadre général. Portefeuille de fiches d'activités " et "Éducation aux médias en réseaux" édités par le CSEM en 2013. Activité pédagogique pour re-définir et fixer la notion de "média".

2. L'image tout comme n'importe quel autre média est une représentation Activité 2 : Partir d'un tableau de René Magritte de la série "La Trahison des images" afin notamment de : - définir ce qu'est une image (une re-présentation de la réalité - remplace ce qui n'est pas là) - appréhender, comprendre le fonctionnement de l'image => sélection de signes / construction - réfléchir, prendre conscience des limites, des possibilités de l'image, - apprendre le processus de lecture d'une image en mettant évidence les deux stades pour appréhender une image lors de son analyse : description --> signifiant --> je décris ce qui est apparent interprétation --> signifié --> je donne du sens à ce que je vois - déterminer les composantes de l'image : Signes visuels (plastiques et iconiques) --> non-verbaux Signes linguistiques --> verbaux - comprendre que l'image est polysémique

3. Schémas de la communication et téléphone sans fil Activité 3. Le téléphone sans fil. Décrire une vidéo à quelqu'un qui ne l'a pas vue. Vidéo d'une voiture qui sort difficilement de son emplacement. Méthodologie : a) description de la scène par écrit (si possible), b) description orale d'un volontaire (récepteur de la vidéo) à une personne qui n'a pas vu la vidéo, ce dernier doit décrire à son tour la vidéo, à partir de la description précédente, etc. (certains diront probablement qu'il s'agit d'une femme or, il s'agit d'un homme...) Buts : - prendre conscience du phénomène de rumeur, de perte inévitable d'informations,... - appréhender, comprendre le schéma de la communication, - comprendre ce qui appauvrit / transforme le message, - déterminer les éléments qui transforment le message, - aborder, comprendre, distinguer les notions : représentations, étiquettes, perception sélective, stéréotype, préjugé, effet prédictif - définir les représentations sociales : à quoi servent-elles ? d'où viennent-elles ? comment fonctionnent-elle ? - expliquer l'intérêt de travailler la question des représentations lorsque l'on fait de l'EAM. Enfin, nous revenons sur le schéma de la communication pour re-définir et fixer une fois pour toutes les notions importantes qui le composent. Cette étape servira à mieux cerner les soucis d'appropriation et de représentations que l'individu "lamba" (ignorant des langages numériques) rencontre vis-à-vis des traces numériques qu'il laisse (codées en langage informatique) et la façon dont celles-ci peuvent être "interpréter" (décodées) facilement par des robots et les algorithmes avec lesquels ils sont programmés.

4. La réalité médiatisée ne peut être qu'une représentation Activité 4. A partir d'un schéma servant de récapitulatif à tout ce qui a été vu et/ou expérimenté sur la notion de "représentation", mise en évidence de la différence fondamentale qu'il y a entre la réalité de la chose qui est, sa représentation et l'interprétation subjective qu'on peut en faire. L'accent est mis sur l'inéluctable part de subjectivité dans toute représentation médiatique et au moment de sa production et au moment de sa réception.

5. Représentation de soi pour les autres Activité 5. Réflexion à partir de questions telles que - Qu'est-ce que la représentation de soi ? Pour qui, pour quoi ? - Comment cela fonctionne ? - A partir de ce que l'on a vu, la représentation que l'on a de soi est-ce une réalité absolue ? - Lorsque on veut communiquer qui on est, qu'essaie-t-on de montrer, cacher ? Notamment dans les contextes suivants : site de rencontre, curriculum vitae, Facebook... Revenir sur l'exercice des cartes boomerang afin de (re)questionner les motivations du choix de la carte en fonction de la représentation de soi que l'on cherche à donner ou non à l'autre Cela nous permet d'introduire le concept d'extimité définit par Serge Tisseron et le souci majeur du processus de l'extimité lorsque l'on dévoile son intimité en ligne directement sans passer par l'étape du cercle des proches. Cela donnera l'occasion d'évoquer et de mettre le doigt sur certains soucis émanant de ce comportement et subissant les possibilités données par la technologie Internet : cyberharcèlement, confusion espace privé / espace public, instantanéité, pérennité des données, e-réputation.... 5.1. Représentation de soi numérique, en ligne Les "avatars" - Définition de la notion "avatar" - Description et interprétation de plusieurs types d'avatars (profils Facebook, Instagram, personnages de jeux vidéo...).- Création d'un avatar

Activité 6.2. Créer son avatar graphique (en ligne) Description et analyse d'avatars trouvés sur Internet. Fabrication de son propre avatar sur des sites de création en ligne en envisageant les mêmes paramètres que ceux du portrait photographique. But : se représenter de manière alternative en préservant son image numérique.

Activité 6.1. Fabrication de son propre avatar en portrait photographique Pour objectiver la notion d'effet sur le destinataire, deux portraits photos, l'un neutre, l'autre mis en scène, sont réalisés. Les paramètres suivants sont énoncés : "Quelles informations ce portrait va-t-il donner de moi ?" "Comment vais-je le formaliser ?" "Quel effet vais-je tenter de provoquer sur le récepteur et, par là, quelle relation est susceptible de s'établir entre lui et moi ?" (Plusieurs mises en situation seront proposées pour que chaque professeur (selon sa discipline) puisse réexploiter cette activité pédagogique avec ses élèves.) Lors de l'analyse collective de ce portrait, on en profite non seulement pour travailler la littératie médiatique mais aussi pour faire observer tout ce qui se trouve dans l'image et qu'on n'a pas voulu nécessairement montrer. En effet, les arrières plans réservent souvent des surprises ; on y découvre des objets incongrus, des figurants pris à leur insu... Objectifs du point de vue de la construction de l'image : comprendre la notion d'avatar, réaliser l'importance du choix des signes en fonction des effets et des objectifs de communication recherchés, appréhender les caractéristiques fondamentales de l'image, ses composantes plastiques et sémantiques ainsi que sa relation au destinataire. Être à l'origine de la mise en scène et comprendre "l'envers du décor" de la fabrication d'une image... Objectifs du point de vue de l'aspect de la mise en ligne de ces images : cette activité permet d'envisager l'aspect et la notion juridique du droit à l'image. Pour cerner les acquis des participants à ce sujet, une activité d'analyse de cas, proposée par le site belge jedecide.be (initiative de la CPVP), est réalisée. Présentation de la brochure de ce site résumant les règles de base en la matière ainsi que des kits pédagogiques proposés pour travailler le sujet. Explication du droit à l'image à travers la nouvelle loi vie privée : le Règlement Général de la Protection des Données personnelles (RGPD) Explication de ce que l'on entend par données à caractère personnel du point de vue de l'image (avec notamment la considération des métadonnées véhiculées par l'image (cf. l'histoire de John McAfee trahi par les métadonnées d'une photo). QUIZZ ? Notions abordées à travers ces activités : l'extimité (Serge Tisseron) Présentations de quelques solutions pour limiter les problèmes relatifs à l'image de soi sur les réseaux sociaux, comme par exemple la réalisation d'un avatar.

7.1. Réflexions sur la question d'Internet en tant que média et sur la potentialité de devenir chacun des médias grâce à sa technologie ; vision d'une capsule de la série « Les clés des médias » (France Télévisions - CLEMI) "Avec Internet nous sommes tous médias". Mise en évidence de phénomènes liés à cela : circulation d'un trop plein d'informations (infobésité - bruit médiatique), responsabilité de chacun en tant qu'émetteur et aussi récepteur, circulation d'un grand nombre de fausses informations (cf. formation de Sophie Lescrenier : "Médias et esprit critique").

7.2. Présentation d'un outil spécifique à l'éducation aux médias pour analyser un document médiatique en fonction de 6 approches : le schéma de Len Masterman. Activité 1. Application du schéma de Len Masterman à partir d'une vidéo "capturée" en direct sur Facebook de Baptiste, un jeune qui joue avec le feu dans sa chambre et dont les réactions du frère et de la mère sont filmées à leur insu. Le "correctif" pour cette vidéo sera partagé et les participants auront l'occasion de tester l'outil durant la formation à partir d'un extrait de l'épisode "Chute libre" de la série Black Mirror (E1, S4) qui tourne autour de la thématique de l'e-reputation , de l'image de soi en ligne et de son évaluation par les autres. Une séquence pédagogique avec correctif sera distribuée aux participants pour qu'ils puissent faire, à partir de cet épisode, de l'éducation aux médias (cf. Len Masterman) en parallèle avec de l'éducation par les médias (partir de l'épisode pour susciter questions et réflexions sur la thématique évoquée ci-dessus). Cet outil (Len Masterman) peut être envisagé dans différents contextes pédagogiques à adapter en fonction des besoins du cours. Un retour réflexif à ce sujet sera demandé aux participants. Activité 7.2. bis. En plus de cette analyse, un questionnaire reprenant des notions vues le premier jour (ex. sur le droit à l'image, sur les possibles conséquences d'une telle représentation de soi sur Internet) sera soumis aux participants pour évaluer leurs acquis et envisager d'une autre manière, les éléments qui n'auraient pas été intégrés

Voir carte mentale mindomo

Une donnée personnelle(ou donnée à caractère personnel) est une information qui permet d’identifier une personne physique, directement ou indirectement.Il peut s’agir d’un nom, d’une photographie, d’une adresse IP, d’un numéro de téléphone, d’un identifiant de connexion informatique, d’une adresse postale, d’une empreinte, d’un enregistrement vocal, d’un numéro de sécurité sociale, d’un mail, etc. Certaines données sont sensibles, car elles touchent à des informations qui peuvent donner lieu à de la discrimination ou des préjugés :Une opinion politique, une sensibilité religieuse, un engagement syndical, une appartenance ethnique, une orientation sexuelle, une situation médicale ou des idées philosophiques sont des données sensibles. Elles ont un cadre particulier, qui interdit toute collecte préalable sans consentement écrit, clair et explicite, et pour des cas précis, validés par la Cnil et dont l’intérêt public est avéré.

Présentation du cas de Marc L. et de la vidéo "Dave le voyant" pour comprendre l'ampleur que nos données personnelles peuvent prendre avec la technologie Internet.

Vision du docu-fiction "Big Data, big business" du GSARA, pour comprendre le modèle économique des entreprises les plus importantes (GAFAM) qui collectent ces données et, réfléchir sur le lien qu'entretient ce modèle économique avec l'ID numérique. Vision d'extraits de l'émission Vox Pop (ARTE, 15/01/17) pour comprendre des notions telles que "data brokers", comprendre ce qui peut intéresser certaines entreprises à collecter des données personnelles numériques et souligner les enjeux derrières cette collecte : enjeux économiques mais aussi politiques et démocratiques.

9. Représentation du monde sur Internet, comment ça fonctionne ? Revenir brièvement sur ce qu'est Internet et différentes notions qui lui sont liées à partir d'un quiz Socrative. L'appropriation de ces notions est nécessaire pour discerner les pratiques numériques en réseaux, mieux se les représenter et permettre un meilleur accompagnement des élèves. Vision d'extraits de l'émission Xenius (ARTE, 12/12/16) afin de - cerner la notion d'"algorithme", - comprendre l'utilité de cette technologie (curation, aide au tri fasse à un trop plein d'infos, impossible à gérer pour l'homme), - comprendre que les algorithmes sont alimentés par nos données personnelles et que c'est en fonction de celles-ci que nous est re-présenté ce que nous trouvons, voyons sur Internet, - comprendre les diverses raisons d'atteinte aux libertés individuelles et les dangers pour la démocratie, Présentation d'une séquence pédagogique à partir de l'extrait de cette émission, construite et testée dans ma classe d'Encadrement pédagogique alternatif l'année dernière. Pour les participants qui souhaiteraient aller plus loin dans cette thématique avec leurs élèves, présentation de quelques pistes pédagogiques pour expliquer de façon simple (par exemple avec une recette, ou un Rubik's cube) ce qu'est un algorithme.

Coding Rights a aussi pour vocation de lutter contre les déséquilibres entre le Nord et le Sud. De quels déséquilibres s’agit-il exactement ? C’est avant tout un problème culturel. D’ailleurs, on discute beaucoup de l’expression «colonialisme digital», parce qu'un grand nombre de plateformes se développent selon une culture particulière et dans un cadre commercial spécifique.Par exemple, au Brésil, le ministre de la Culture a récemment posté une photo d’indigène. C’était un portrait, et il a été censuré par Facebook parce que l’indigène en question était nu. C’était un post du ministre de la Culture, mais une entreprise peut quand même censurer une page émanant du ministère de la Culture brésilien... Pour moi, c’est l'un des aspects du colonialisme digital : tu peux seulement t’engager sur la plateforme si tu as les codes culturels de cette plateforme, qui n’autorisera, de toute façon, qu'une certaine culture à s'exprimer.Un autre exemple de colonialisme digital concerne l’extraction des données. Nous sommes un peu comme des « travailleurs en datas » puisqu’on fournit des données sur nous gratuitement. Les entreprises ont donc une énorme base de données qu’elles utilisent pour avoir un avantage compétitif, par exemple pour mettre au point des systèmes élaborés d'intelligence artificielle. Or la plupart de ces entreprises sont au Nord... On peut donc penser qu'il existera toujours un déséquilibre, que les entreprises du Sud seront éternellement à la traîne parce qu'elles n'ont pas accumulé une telle montagne de données.