przez Céline Floyd 3 lat temu
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"agitée par une sensation de joie qui la rend si légère" p. 153
Les événements du roman ne sont pas linéaires: les chapitres semblent suivre les essais de Claire et d'Antoine de se souvenir de leur vie/passé, d'où ils sont et comment ils sont arrivés là (dans ce lieu et dans ce temps).
Pas chronologique -> exemplifié et empiré par le champ lexical du temps et la répétition d'adverbes:
p. 60: "en octobre", "jamais", "ses saisons", "jamais" "jamais"
p. 61: "maintenant", "pendant des heures", "lentement", "déjà", "encore", "soleil de midi", "puis", "enfin", "lentement"
p. 68: "encore", "aujourd'hui", "jusqu'au soir", "sans fin, toujours", "encore", "depuis que la mort du bouleau gris", "le soleil se couche"
p. 69: "lumière blafarde de fin du monde, un pays d'avant l'homme", "le cycle de vie est bref", "ne cesse pourtant d'alimenter la vie depuis", "au moins une heure", "plus souvent", "la nuit", "le soir", "existe", "n'être déjà plus de ce monde", "demain", "la dernière coulée d'octobre", "comme aux premiers jours chauds du printemps", "un flux et reflux réguliers", "été des sauvages", "qui n'en finit pas", "une dernière caresse de la vie avant de sombrer dans une éternité blanche et glacée", "traversé sa vie comme un soleil flamboyant"
p. 146: "les derniers lambeaux de nuit"
p. 147: "l'aube", "peu à peu", "dans l'infinie", "enfin", "l'éclat dur de midi", "des heures trop tard", "à marée basse", "si longtemps après l'arrachement", "après avoir longtemps hésité", "depuis si longtemps"
----> Octobre/automne/hiver: la fin de l'année; la mort (souligné par la mort des parents de Claire et de David en octobre)
----> printemps/été: début/milieu de l'année; la vie
Narration et l'énonciation n'aide pas: on passe du passé et de la troisième personne du singulier "il" au présent et à "on":
p. 109: "Il avait marché [...] On s'en va à la fête"
--> Discours indirect libre qui sautille entre point de vue omniscient et ceux des personnages
Les descriptions de la forêt et de la mer, ainsi que les malheurs amoureux de Claire et d'Antoine m'ont fait penser à cette chanson.
Certaines phrases semblent même y faire référence:
"Les pas dans le sable que la vague doucement lave" p. 12
"La mer efface sur le sable les pas des amants désunis" - paroles de la chanson, Les feuilles mortes
ex: "Tu tues tout ce que tu touches" p. 91 prononcé par sa mère pour la première fois lors de la scène de mort du canari. L'allitération des "t" et donc la repetition du son/le staccato nous force d'arrêter un peu entre syllables et cette sonorité donne l'impression d'un disque qui bug et joue et rejoue la même chose: elle repense souvent à cette phrase --> lui fait croire qu'elle engendre/cause la mort comme David, l'élan, Antoine (même s'il ne meurt pas)
Champ lexical de la mort:
p. 78: "une dernière balle", "dernière", "cadavre", "fin", "crâne", "mourir debout"
p. 79: "cancer généralisé", "la pourriture le ranger", "crever", "creux", "mort", "traîner des cadavres", "petites croix de bois", "se noyaient", "meure ainsi, comme un chien"
p. 90: "strangle", "la nuit", "inerte", "morts", "le petit corps qui refroidit, se raidit", "le noir", "qui a cessé de tourner", "étreindre un peu de vie"
p. 91: "tues", "la chaleur absente", "éteint", "creux", "s'endort", "creusé", lèvres bleuâtres", "glaçante et spectrale"
p. 137: "un homme mort", "les morts", "les fosses au cimetière", "pourris vivant", "vieux", "qui s'attend de recevoir une balle", "cessent",
p. 152: "fracassés", "orpheline", "héritière", "terminer", "adieu"
Le mot "mort" est aussi répété sans cesse au cours du roman, soulignant son importance
Mort = la fin de quelque chose, de la vie (mot aussi répété, sert de double et d'opposition):
-l'époque rurale/de la forêt vierge et donc de l'homme du bois et de l'agriculteur (développement, personnifié par le meurtre de l'élan; Hercule se considère mort parce qu'il ne peut plus travailler)
-la tradition Québecoise (Américanisation-les jeunes vendent leur héritage; crise d'Octobre; encore personnifié par le meurtre de l'élan par Mr. Peabody, un américain)
-de l'innocence (rappel à la virginité): le viol de Claire, l'acte de "meurtre" accidentel du canari par Claire, le suicide de David lorsqu'il découvre que Claire n'est pas vierge
-d'une perception (l'Indien réalise que Claire n'était pas une mauvaise personne/si différente de lui que lorsqu'elle se suicide)
Dualité de la mort: péjorative et méliorative
Champ lexical du sommeil/réveil/de la mort aux pages 68-69:
"se couche", "soir", "fatiguer, de se dissoudre", "la mort", "le soleil se couche", "fin du monde", "le cycle de la vie est bref et la mort est silencieuse et secrète", "cesse", "songe", "se couche", "la mort", "la nuit", "le soir", "sombre", "n'être déjà plus de ce monde", "demain", "libérerait de cette mauvaise mort", "dernière coulée d'octobre", "premiers jours chauds du printemps", "finit", "dernière caresse de la vie avant de sombrer dans une éternité blanche et glacée"
L'énonciation s'adapte au point de vue du personnage et reste vague pour garder une ambiguïté et souligner la pluralité des choses (ex on passe du passé et de la troisième personne du singulier "il" au présent et à "on": p. 109: "Il avait marché [...] On s'en va à la fête")
--> Discours indirect libre qui sautille entre point de vue omniscient et ceux des personnages, au service des personnages)
Sert à mélanger le lecteur: on travaille pour comprendre la temporalité de l'histoire et les liens entre les personnages/événements/lieux, comme Antoine travaille pour suivre l'elan et le "libérer," comme Claire qui essaye à la fois de comprendre/de se souvenir de son passé et de l'oublier
Par exemple, dans le chapitre 8, on passe entre un narrateur externe pour les descriptions de l'orignal aux pensées d'Antoine.
Beaucoup de descriptions de la mer et de la forêt: plus détaillées et lyriques que celles des personnages
Langage plus soutenu, lyrique sauf quand on a le point de vue d'Antoine: plus familier, plus de joual, plus vulgaire (ex: voir "animalisation" et "sexisme")
Texte est travaillé comme Flaubert le faisait, notamment pour Madame Bovary (plusieurs brouillons, phrases longues et détaillés)
Refuge d'Antoine
Symbole de la mort et de la vie qui coexiste: "le cycle de la vie" p. 69
Symbole de la masculinité - selon Antoine, un "vrai" homme viril peut survivre en forêt
Symbole de renaissance, par exemple avec Antoine -- il "meurt" en quelque sorte quand il perd conscience/a sa crise puis renait quand l'Indien l'amène avec lui pour qu'il vive avec lui.
Vocabulaire de la forêt et de la nature récurrent
Forêt vierge donc opposition à Claire aussi, qui ne l'est pas
Personnification:
Antoine le suit pour le "libérer" de sa douleur mais il ne peut pas le tuer/ne veut pas avouer que c'est la fin
L'Indien dit à Antoine que voir l'orignal est "un signe" p. 189
Selon Antoine, l'orignal devrait mourir de manière discrete et seul dans la forêt, comme Antoine aimerait faire plus tard et comme d'autres l'ont fait avant (voir: Exode rural->Patrice Dumouchel).
Mr. Peabody chasse l'élan et le tue -> ce dernier comme parallèle/double d'Antoine, qui se fait chasser de sa propre maison par sa femme, Blanche, puis de la forêt par la modernisation
--> Donc lié à la nature, souligné par son animalisation (voir "Animalisation")
Danseuse du Pérou
Danse les "pieds nus" p.85 (répété à plusieurs reprises: souligne l'importance qu'Antoine portait à ce lien avec la Terre, en opposition avec Blanche, et sert d'indice/d'ancre pour la différencier de la Maria de Claire)
Porte un costume de danse qui ne couvre pas beaucoup son corps: n'est pas prude, n'a pas peur de sa sexualité
Relation amoureuse avec Antoine mais le quitte pour voyager le monde et danser (pas parce qu'elle ne l'aime pas)
"Bel oiseau de feu" p. 85 selon Antoine
Attache des animaux aux gens, mais de manière méliorative (Antoine est un taureau puis un condor) alors qu'Antoine le fait surtout de manière péjorative (Claire est une "chienne")
Voire "Dualité" pour sa comparaison à Blanche
Représente la pudeur, la femme de la ville
A peur de la saleté/de maladies provenant de la forêt
Semble dégoûtée par Antoine: ne voulait que de lui pour avoir des enfants puis le chasse de la maison
Empêche Antoine d'avoir une relation avec ses enfants
Semble déclencher/amplifier le sexisme d'Antoine
Voir "dualité" pour la comparer à Maria du Pérou
Les femmes sont animalisées/on leur fait perdre leur humanité: le père d'Antoine et Antoine lui-même parlent surtout de "femelles" (p. 66) que de femmes.
Ex: "sentant la femelle de la ville" p. 64, "Quelle reste dans son maudit monde de femelles" p. 66, "Une sacrée femelle" p. 118
Des femmes, comme Marie, l'épouse d'Hercule, se trouvent bien en ville, ont des travails/amis/choses à faire alors que certains hommes, comme Hercule sont perdus. Renversement des rôles: femmes gagnent de l'indépendance, les hommes semblent en perdre/devenir plus dépendant.
Sexisme qui se montre à travers la violence:
Claire est violée par Alan et son ami
Antoine gifle Claire
Antoine coupe la tête de l'orignal pour Claire pour lui faire la leçon
Claire se suicide en se noyant
David se noie/se suicide parce qu'il réalise que Claire n'est pas vierge (alors que lui-même est divorcé et a un enfant)
La mère de Claire lui "[tord] le bras encore une fois et lui [hurle] en plein magasin les choses les plus obscènes." p. 170
Une hypocrisie quant à la sexualité des femmes:
-la réaction de David
-Bruce, le père putatif de Claire, lui dit, "Il y a un homme sur cent mille, peut-être, qui cherche dans la femme autre chose que la bête. Celui-là fait très mal, Claire, quand on ne s'appartient plus. [...] Il faut savoir attendre." p. 170 -> la femme n'est qu'un animal pour l'homme, elle doit rester vierge ou elle ne vaut rien
Le progrès et la modernisation mène à une meilleure éducation pour la nouvelle génération, créant de nouveaux emplois pour ceux-ci, et anéantissant ceux de l'ancienne génération ainsi que leur chance de trouver une nouvelle profession.
Par exemple, le fils d'Antoine étudie la philosophie à l'université et commence à utiliser un vocabulaire qu'Antoine ne connait pas, ce qui créé encore plus de distances entre eux.
Hercule, le frère d'Antoine, souffre aussi. Il se considère mort parce qu'il ne peut pas travailler à cause de son âge et son manque d'éducation:
Hercule à Antoine:
Champs lexicaux:
du temps
de la mort
"[...] il y a plus de travail pour les femmes que pour les hommes, plus pour les étrangers que pour les hommes, plus pour les gars du pays, plus pour les jeunes qui sortent de l'école que pour un homme fait, avec une femme et enfants, plus pour les machines que pour les hommes" p. 137
"-D'où vient l'argent, je te demande un peu, Antoine. Pas de nous autres, leurs parents, ça c'est certain. Il n'y a que des étrangers qui peuvent payer un pareil bateau. Ces jeunes-là, Antoine, ils vendent leur âme, puis ils vendent le pays avec. Ils chantent même en étranger." p. 129 (Hercule à Antoine--distance monetaire, generationelle--> on vend le territoire
L'exode rural fait qu'il y a de moins en moins de travail en forêt. Cet exode rural signifie aussi de nouvelles constructions et donc une destruction de la nature et, ici, de la forêt. L'exode rural mène donc à la fin de l'existence des hommes comme Antoine, qui dépendent de et vénèrent la forêt.
"-L'année dernière, il a fallu dix hommes et trois jours, à une douzaine d'heures par jour, pour retrouver le cadavre de Patrice Dumouchel. En plein mois de juillet. Tu te rends compte?" - monsieur Potter à Antoine p. 78
"-Cinquante-trois ans, Patrice Dumouchel. S'était toujours arrangé pour ne pas se soumettre à l'examen médical. Fort comme un boeuf. Vous êtes tous pareils, les vieux. Vous voulez mourir debout, comme un arbre, en plein bois." - monsieur Potter à Antoine p. 78
Champ lexical du temps souligne la fin et la mort
"comme un arbre, en plein bois" - monsieur Potter compare Antoine à un arbre pour mettre de l'emphase sur le fait que les hommes de la même profession qu'Antoine se voient comme une extension de la forêt.
"T'es en exil. Toi aussi, Antoine, c'est fini. [...] ils vont te chasser du bois. C'est pas à toi la forêt, c'est à la Compagnie" p. 134 Hercule à Antoine
L'Indien = "le buck" p. 65; "ours" p. 66
Claire = "chienne" p. 66, "sentant la femelle de la ville" p. 64, "Quelle reste dans son maudit monde de femelles" p 66
A = "chevreuil" p.122, "toro" p. 122, "un grand condor noir... et bleu comme la mer" p. 192, "orignal" p. 210
Maria du Pérou = "bel oiseau de feu" p. 85, "oiseau-soleil, serpent à plumes, créature" p. 85
Les femmes sont traitées de "femelles" (p.66) par Antoine et son père à plusieurs reprises.
L'eau sert de refuge pour Claire alors que la forêt est un lieu dangereux:
"Il lui faut quitter la cabine de la douche, le refuge de brouillard où elle a pu respirer librement enfin, indemne, vacante, pour retomber sur le continent fantôme, peuplé de loups éventrés par le vent et hurlant leur agonie sans mort possible." p. 28
"Elle s'est précipitée sous la douche pour tout rompre, tout abolir, se laisser rouler dans l'éternité de l'eau." p. 16-17
--> lien au temps, elle ne veut pas sentir, ce qui lui est possible lorsqu'elle na pas conscience du temps
Vocabulaire de l'eau/de la mer récurrent, surtout lié à Claire/à la femme:
"Claire, comme la mer" - David en parlant de Claire, p. 161
"La mer a des roulements doux de femme" p. 161
"comme si elle avait toujours été là et qu'il n'y a pas à s'en étonner, inévitable et agréable, comme la mer, le sable, le soleil." p. 168 - point de vue de David faisant référence à Claire
"C'est la mer de tes cheveux." - David à Claire, p. 171
"Je me suis tout de suite perdu dans la mer de tes yeux." - David à Claire, p. 173
Personnification de l'eau en utilisant des mots qui peuvent avoir plusieurs sens et qui serve d'indices quant aux événements du livre:
p. 159: "Le lendemain se noie", "écoulement du temps, sans horizon possible"
Elle a du mal à se rappeler ses souvenirs, le temps se mélange (exemplifié par le fait qu'elle ne porte pas de montre --la lie avec David-- et qu'elle collectionne des montres d'hommes, surtout avec qui elle a couché/qu'elle aurait "conquis" (ne comptant pas celles de ses violeurs) MAIS les montres ne battent plus (retour à l'idée de la vie/mort) parce qu'elle ne les a pas aimé (sauf celle de Bruce, qui bat encore - amour pour son père)
L'eau est son refuge (voir "L'eau")/elle personnifie l'eau
Sa mère, Rose, pense qu'elle tue tout ce qu'elle touche, une idée qui l'obsèdera (voir "la mort")
"She was not a bad woman. She was a child. A very sad white child" - L'Indien p. 243
--> double de Sandra, enfant grave et triste qui deviendra orpheline, elle-aussi
Claire est une sorte de Madame Bovary des années 70s: elle cherche à être aimer mais n'est sans cesse quittée ou abandonnée, il y a l'idée de la pureté ainsi que de son rejet, elles sont toutes les deux consommées par leur honte, sont mélancoliques ( l'eau grise avalée par Claire en tuant le canari/regardant Antoine qui est inconscient / Madame Bovary qui vomit une substance noire (de l'arsenic) en mourant) et se suicident toutes les deux.
Claire représente la ville selon Antoine: "femelle de la ville" p. 64
Mélange d'un personnage de telenovela et de Claire
Tué par son mari, le comte - donc morte d'amour comme dit Claire
Lie Claire et Antoine à cause d'un malentendu: il croit qu'elle est Maria, elle croit qu'en disant Maria, il parle du personnage
Champ lexical de la télévision et de l'écran + les parties de Maria (telenovela) sont en italiques: indices que ce n'est pas la même/qu'elle n'est pas une vraie personne
"Y a-t-il deux Maria?" p. 54 renforce le doute du lecteur
Miroir de David: mort d'amour parce que Claire n'est pas ce qu'il pensait
Porte un col roulé trempé lors de sa première rencontre avec Claire: représente l'importance qu'il porte à la pureté/virginité/modestie
Ne porte pas de montre:
MAIS sexiste de manière discrète: boulversé que Claire a eu d'autres relations et se suicide